« L’homme est né pour le bonheur, certes toute la nature l’enseigne. C’est l’effort vers la volupté qui fait germer la plante, emplit de miel la ruche, et le cœur humain de bonté. »
citation d’André Gide extraite de « Les Nouvelles nourritures »
L’homme est il né pour le bonheur ? La nature nous l’enseigne-t-elle ?
Que nous enseigne la nature ?
La nature, l’univers, l’ensemble des phénomènes naturels est un magnifique spectacle pour celui qui prend le temps de l’observer, tout y est beau et merveilleux, la naissance d’un fruit à partir d’une fleur, le travail des insectes à enrichir cette terre nourricière, la puissance et l’intelligence des arbres et leur langage secret, le jaillissement d’une source qui se mêle au torrent puis au fleuve pour rejoindre la mer. La force et la puissance du vent, que dire de celle d’un volcan ? La survie des espèces depuis tant d’années, au prix de mutations et d’évolutions incroyables.
Ces étendues désertiques et arides d’où émerge miraculeusement une oasis, source d’une infinie richesse au milieu du néant.
Cette petite plante qui prend racine au milieu du béton.
Cette branche d’arbre qui contourne un mur pour trouver la lumière.
Cet homme qui il y a des milliards d’année s’est mis debout pour aller chercher sa nourriture.
Tout cela offre à l’homme un émerveillement total et plein, une source de richesse, d’abondance, de nourriture, de survie. La nature sait être généreuse.
Elle nous enseigne alors la beauté du monde qui nous entoure, l’intelligence et la force de la nature, sa capacité à contourner les difficultés quand cela lui est possible, pour survivre.
Mais la nature est aussi sauvage et source de ravages, quand les pluies diluviennes n’ont de cesse que de remplir les rivières qui envahissent à leur tour les terres, emportant avec elles maisons et troupeaux. Quand cette même nature dévore tout sur son passage, agitant en tous sens tornades et ouragans, quand elle autorise la lionne à dévorer le zèbre pour nourrir ses lionceaux.
Que nous apprend elle ?
Qu’il y a en son sein une sélection naturelle, que seul peut survivre celui qui s’en donne les moyens ? Que le faible ne peut rien ? et que tout semble joué d’avance ?
Elle nous enseigne le respect de ce qui l’entoure, l’écoute et la sagesse.
Elle nous enseigne, que la fourmi toute seule n’est rien sans ses congénères, que la Reine seule n’est rien dans la ruche sans ses ouvrières, que la plante n’est rien sans l’eau, le soleil et la terre, et que l’homme n’est rien sans ce que lui donne la terre.
La nature nous montre le chemin. Le chemin du bonheur ….mais ce chemin demande un effort.
L’homme est -il fait pour le bonheur ?
Être heureux, qu’est que cela signifie vraiment ? Que met on derrière le mot bonheur ?
Être satisfait, être en état de jouissance, de plénitude….
Qu’est-ce qui nous rend heureux alors, satisfait, en état de plénitude et de jouissance ?
Sommes-nous heureux quand nous arrivons à satisfaire nos frustrations, nos souffrances, nos insatisfactions ?
Alors à quel moment considère-t-on que nous sommes en état de plénitude, de satisfaction, de jouissance ? Quand nous ne souffrons pas ? Quand nous nous sentons bien, en harmonie ?
Cet état de plénitude que l’on appelle bonheur, ne peut être constant, nous le savons, nous sommes alors face irrémédiablement à la survenue de moments d’insatisfaction, de non-plénitude, de frustrations, voire de souffrances. Cette inconstance de l’état de bonheur fait que pour certains d’entre nous celui-ci puisse devenir un idéal inaccessible, car l’homme semble incapable d’accepter cette inconstance du bonheur.
Cependant la mort, la maladie…et bien d’autres événements au cours de notre vie viendront perturber cet état de plénitude dans lequel nous pensons pouvoir être en permanence.
L’homme a conscience de cet état d’inconstance, de fragilité, qui fait de lui potentiellement un être capable ou pas d’atteindre le bonheur mais pas de façon permanente. Non pas par ce qu’il n’est pas possible de l’atteindre mais par ce que son inconstance fait que l’homme doit être confronté perpétuellement à ce désir de ne pas souffrir et d’être toujours mieux, et bien sans souffrance.
Le bébé l’apprend dès la naissance, par la non-satisfaction immédiate à ses besoins vitaux, comme manger, boire, se vêtir, dormir…il apprend la souffrance et la non-satisfaction constante et immédiate à son besoin de satisfaction, de plénitude.
Si l’on apprend, dès le plus jeune âge, qu’il n’est pas possible de toujours tout contrôler et que l’absence totale de souffrance est tout simplement inaccessible, l’acceptation de cet état semble alors à l’homme plus acceptable et plus supportable.
Comment accepter l’insupportable ?
L’absence de désirs est-elle la solution ? être dans l’acceptation de ce qui vient à nous sans l’avoir vraiment désiré, chaque petit moment agréable qui arrivent tout simplement ?
L’homme ne naît pas pour être heureux, mais il vient au monde pour « être » tout simplement. Il devra faire face aux souffrances, aux douleurs, aux échecs, aux frustrations, à la maladie, à la mort…et pour cela il devra apprendre à apprécier tous les instants de bonheur qui lui sont donner de goûter et de savourer chaque moment.
Il devra aussi parfois faire des efforts pour satisfaire cet état de bonheur qu’il souhaite avoir de façon permanente, car ce ne sera pas toujours facile, ne dit-on pas « après l’effort, le réconfort ». Si tout était toujours facile et si nous étions dans une permanence du bonheur, est -ce que nous arriverions encore à nous en apercevoir ?
L’effort induit le fait d’être actif, de faire quelque chose qui va contribuer à…..de ne pas attendre que les choses agréables arrivent d’elle-même systématiquement, que chacun de nous à sa part de construction et de contribution dans la réalisation de son bonheur .
C’est peut-être justement cette oscillation entre ces moments de joie et ces moments de tristesse qui font que nous apprécions d’autant plus les moments de bonheur quand ils sont là et font de chacun de nous des être heureux et chanceux de l’être, si nous savons les apprécier, les déguster et nous en souvenir quand arrive les moments et événements douloureux.
Et cette prise de conscience de l’impermanence des choses que l’on aime, de la vie en général qui nous amène à être des personnes meilleures. A nous satisfaire de peu, de petites choses qui peuvent sembler insignifiantes au regard d’une vie, d’une année, d’une semaine, d’une journée. Une prise de conscience que chacun peut contribuer au bonheur de l’autre comme les arbres solidaires dans la forêt, ou les abeilles dans la ruche.
Que le bonheur n’est peut être pas individualiste mais collectif,