Jour 1
Tu te présentes fin et subtil
A l’entrée de la grotte comme par surprise
Tu te faufiles, brutal et inégal,
Arrive en force au fond de la grotte,
Tu passes inaperçu le long des chutes, derrière la glotte,
Ouvrant en force la porte du grand passage
Celui derrière lequel s’échange le précieux.
L’arbre n’offre qu’une seule voie,
La branche est fine et fragile,
Tu te poses à peine,
L’endroit n’est pas assez stable.
Le retour est difficile, saccadé,
Comme si la branche allait s’effondré
Te voilà arrivé directement à l’entrée,
Pas le temps d’apprécier, de déguster.
Deuxième voyage,
A l’entrée de la grotte, déjà tu ralenties
Tu prends ton temps, tu souris,
Tu caresses les parois, tu les lisses.
Au sommet de la grotte, tu hésites,
Tu t’étires en regardant vers le ciel,
Puis finalement plonge dans le grand tunnel.
Occupant tout l’espace, et déployant tes ailes,
Tu te poses sur chaque branche avec profondeur.
L’Arbre grandi, s’ouvre, s’allonge,
La cage qui l’entoure se laisse attendrir.
Le retour est léger, discret, tranquille,
Tu visites chaque recoin,
Tu n’es pas pressé de partir.
Troisième voyage,
L’entrée est bien gardée, car tu sembles être resté
Lors de ton dernier voyage.
La voie est bien tracée, le chemin est large,
Tu peux en apprécier chaque cm2.
Tu savoures l’espace, tu t’arrêtes, tu flânes.
Ton temps n’est plus compté,
Tu te sens libre, en sécurité.
Alors tu t’évades, tu te fonds dans l’espace,
Tu libères ton énergie subtile
Entre l’infiniment grand et l’infiniment petit,
Et surfant sur une vague longue et incessante,
Tu t’allonges, tu t’oublies.
Jour 2
Quel plaisir de sentir à nouveau ta présence aujourd’hui,
Tu es là avec finesse et confiance dès le départ,
Tu envahies l’espace au plus profond de mon être,
Comme aspiré avec délicatesse,
Par la vasque de mon bassin,
Tu te répands pleinement
Le laissant s’ouvrir avec douceur.
Tu t’invites sans forcer,
Dans des recoins oubliés,
Sensation immédiate d’une extrême légèreté.
Tu balayes sans cesse
Tes douces caresses,
Apprivoisant mon corps,
Qui s’érige et se libère.
Un discret mouvement s’engage,
Accompagnant ton cheminement,
Ouvrant la toile de mon dos et déployant mes ailes
Je m’envole avec toi
Vers le ciel.
Jour 3
Ferme les yeux et écoute,
Ecoute le bruit de ton souffle.
Il est là présent, il t’accompagne
A chaque instant.
Perçoit ce va et vient incessant
Comme un délicat bercement.
Sens le mouvement qu’il amène,
A l’inspire, tu t’enivres et te hisse
Jusqu’au sommet de ton être
A l’expire, tu glisses et dépose
Ton enveloppe.
A chaque instant tu perçois
L’ampleur et le sens
De ce souffle grandissant.
Ton visage s’efface,
Tes épaules relâchent
Le poids du quotidien
Que toujours elles supportent.
Ta poitrine se soulève,
Lui offrant de la place,
Repoussant au tréfond du bassin,
Ce puissant diaphragme.
Toujours en résistance,
Mais peu à peu se laissant faire,
Telle la mère accueillant en son sein
L’enfant grandissant,
Ton ventre s’arrondit,
Il sourit.